Security Council Debate: MINUJUSTH (In French)

Déclaration de S.E. Lise Gregoire-van Haaren,
Représentante permanente adjointe du Royaume des Pays-Bas auprès des Nations unies

New York, le 12 décembre 2018

Je vous remercie, Monsieur le Président.

Monsieur le Président, je tiens tout d’abord à remercier la représentante spéciale Helen La Lime pour ses efforts en faveur d’Haïti et pour son premier exposé devant le Conseil.

Le Royaume des Pays-Bas s’aligne sur la déclaration prochaine de l’Union européenne.

Nous suivons avec une attention particulière la situation en Haïti. En effet trois des quatre pays qui composent notre Royaume se trouvent dans les Caraïbes, dont Sint Maarten, île voisine d’Haïti. Le Premier ministre de Sint Maarten, Mme Marlin Romeo, s’est d’ailleurs adressé au Conseil lors de notre exposé de septembre.

Ces dernières années, la voie positive dans laquelle Haïti s’est engagé avec le soutien des Nations unies et de la communauté internationale nous a paru encourageante. Le pays se trouve maintenant à la croisée des chemins : il est indispensable de consolider et de développer les gains engrangés jusqu’ici.

Monsieur le Président, je voudrais aujourd’hui aborder les trois questions suivantes :

  • les menaces pour la stabilité politique
  • la construction de l’État de droit
  • les perspectives pour l’avenir

1. Les menaces pour la stabilité politique

Monsieur le Président, ces derniers mois, de nombreux Haïtiens ont protesté contre le manque de contrôle et de redevabilité des pouvoirs publics. Le gouvernement doit prendre les doléances des citoyens au sérieux.

Parallèlement, il importe que tous les acteurs politiques s’engagent de façon constructive et agissent dans l’intérêt de la population haïtienne, en respectant les institutions démocratiques.

Nous sommes préoccupés par les violences, en partie provoquées et commises par des bandes armées, qui ont accompagné certaines manifestations.

De tels actes sont inacceptables et desservent la fragile situation politique haïtienne.

2. La construction de l’État de droit

Monsieur le Président, ces développements soulignent la nécessité d’améliorer les efforts de réalisation des objectifs du rapport du Secrétaire général pour la construction de l’État de droit.

Au cours des dernières années, Haïti a accompli des avancées importantes dans le développement de l’État de droit, dans un contexte difficile.

Les progrès de la police nationale en termes de capacités et de professionnalisme, illustrés par sa gestion des récentes manifestations massives et par le nombre croissant d’agents féminins, offrent à cet égard un exemple positif.

La réalisation de certains des objectifs définis paraît donc à portée.

Nous saluons également la récente nomination d’une ministre déléguée en charge des Droits humains, responsable de l’élaboration dans les meilleurs délais d’un plan national en faveur des droits de l'homme. 

Malgré les progrès dans ces domaines, il est clair qu’il faut appuyer sur l’accélérateur.

À cet égard, nous nous félicitons de la création de la Commission mixte.

Pour atteindre les objectifs de la stratégie de retrait de la MINUJUSTH, il est crucial d’adopter rapidement et de mettre effectivement en œuvre des réformes législatives dans un certain nombre de domaines clés.

Le pays doit redoubler ses efforts pour répondre aux problèmes majeurs concernant la surpopulation des prisons, la durée de la détention provisoire, la corruption et le manque de contrôle et de redevabilité dans le secteur public, et notamment la police nationale.

Cela demande un engagement politique total et l’allocation de ressources financières adéquates.

3. Les perspectives pour l’avenir

Monsieur le Président, cela m’amène à mon dernier point : les perspectives pour l’avenir.

La construction de l’État de droit est nécessaire au renforcement de la confiance des citoyens ainsi qu’à la paix et au développement durables.

Il faut intensifier les efforts dans ce sens pour permettre la transition responsable de la MINUJUSTH vers une autre forme de présence des Nations unies l’an prochain. 

Les évolutions des mois à venir nourriront le débat sur la forme de cette future présence.

Il faudra à cet effet évaluer le risque de déstabilisation, dans l’optique d’assurer le déroulement pacifique des élections en octobre.

Nous attendons avec intérêt l’évaluation stratégique, qui devrait guider ce débat.

Quelle que soit la forme que prendra au final la transition, il est crucial que le gouvernement haïtien, la mission et l’Équipe pays des Nations unies maintiennent leur étroite coopération. 

Conclusion

Monsieur le Président, en conclusion, le Royaume des Pays-Bas soutient fermement les aspirations du peuple haïtien à la paix, à la justice et au développement.

Les conditions pour y parvenir sont claires : renforcement de l’État de droit, notamment par l'accroissement des capacités policières, judiciaires et pénitentiaires, mise en œuvre rapide des actions prioritaires et respect des droits de l'homme.

Le gouvernement haïtien doit pleinement profiter de la présence de la MINUJUSTH pour avancer dans cette voie.

Pour sa part, le Royaume des Pays-Bas continuera à soutenir l’engagement des Nations unies en Haïti.

Je vous remercie, Monsieur le Président.